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Le kiwi avant tout Le kiwi avant tout

Installés au bord du gave d’Oloron, dans les Pyrénées-Atlantiques, Claudine Bordes et son fils Edouard dirigent une petite exploitation spécialisée dans la culture du kiwi.

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A Léren dans les Pyrénées-Atlantiques, le Gaec Papamoa concentre toute son énergie sur la production de kiwis. Cette décision remonte au début des années 1980, quand Claudine Bordes reprend l’exploitation de son mari. Dans la région, la culture du kiwi est alors en plein essor. Trente ans plus tard, l’exploitation tient bon.

Entre-temps, Edouard est venu s’installer aux côtés de sa mère. En 2004, a été créé un Gaec dont le nom, « Papamoa », est inspiré d’un lieu de Nouvelle-Zélande. En effet, pour son stage à l’installation, Edouard est parti six mois dans ce pays pour travailler dans les vergers de kiwis. « Avec 22,5 ha de SAU, l’exploitation est petite et nous sommes au régime forfaitaire agricole, témoigne Claudine. Cela nous convient bien. Nous nous concentrons sur ce que nous connaissons le mieux : les kiwis sur 6 ha. » Les autres hectares de la SAU sont travaillés par une entreprise de travaux agricoles.

Claudine et Edouard gèrent aujourd’hui six hectares de vergers. Ils connaissent les aléas techniques des producteurs de kiwis confrontés à la bactérie PSA (Pseudomonas syringae pathovar actinidia). En 2012, ils ont arraché leur seul hectare de Summer kiwi planté cinq ans plus tôt. « À cette époque, on connaissait mal le pathogène. Mais un foyer est apparu dans la parcelle et nous n’avons pas pris de risque. Avec le recul, c’était le bon choix. » À la place, ils replantent, en 2014, le cultivar Hayward, beaucoup moins sensible, et restent vigilants.

Nouvelle aventure avec le « baby-kiwi »

En 2010, le Gaec fait partie des premières exploitations à planter la nouvelle petite baie présentée par la coopérative : Actinidia arguta (cultivar Rua ou Tahi). « Un fruit lisse de 3 cm de diamètre et d’environ 12 g, décrit Edouard. Son concept commercial, ‘ ‘Nergi, le baby-kiwi à grignoter’’, m’a plu. Il se cueille en septembre, ce qui permet d’étaler le chantier de récolte, le Hayward se récoltant en novembre. » Par rapport à l’espèce sauvage, l’amélioration variétale peut se conserver jusqu’à 10 semaines. Sa culture (sous licence Sofruileg, filiale de la Scaap Kiwifruits) se développe principalement en France, Italie et Portugal (170 ha au total). « Et pour l’instant, ce mini-kiwi semble insensible à la PSA ! » Le Gaec en plante 30 ares. C’est peu pour commencer, mais la structure, tributaire de sa petite taille, veut limiter les investissements. Et Edouard s’inquiète pour la récolte : « Cette variété ne demande pas d’éclaircissage, mais elle est longue à ramasser ». Il faut compter 12 kg/heure/personne pour le mini-kiwi, contre environ 170 kg/heure/personne pour le Hayward. En pleine production, soit six ans après la plantation, l’objectif est d’atteindre les 10 à 15 tonnes/ha de fruits commercialisables. « Avec le mini-kiwi, on est un peu reparti de zéro, le temps de s’habituer à sa conduite. C’est une culture différente du Hayward, affirme Edouard. Pour obtenir de beaux fruits, il faut attendre trois ans, le temps que la liane soit bien structurée. Or, elle est très volubile et demande davantage de soins et de taille que le Hayward. Environ 500 heures de travail/ha sont nécessaires. »

Pour l’instant, seuls 15 ares ont atteint leur pleine production. L’autre moitié a été replantée en 2014 à la suite d’une asphyxie racinaire des plants. En effet, l’exploitation est située au bord du gave d’Oloron. Cela permet d’irriguer sans restriction, mais expose les cultures aux risques de crues. « L’inondation en elle-même n’est pas trop grave. Mais en 2013, sur 15 ares, l’eau a stagné trop longtemps et il pleuvait sans cesse. Ce sont les aléas du métier… Nous avons donc replanté, pas exactement au même endroit ! »

Cette année, le Gaec a ramassé 2,5 tonnes de mini-kiwis, avec l’aide de trois saisonniers. Un bon résultat, à l’exception des coups de soleil qui marquent la peau de nombreuses baies. « Il n’y a plus de doute, pour améliorer la qualité des fruits, nous allons devoir installer des filets paragrêle. Ce produit est fragile et nécessite d’être travaillé avec soin. » Soit un investissement de l’ordre de 3 000 € pour les 30 ares.

Dans deux ans, Claudine prend sa retraite. Edouard pense au futur : « J’ai peu d’emprunts à rembourser et ils se terminent en 2017. Pour l’instant, je ne sais pas quelle tournure va prendre l’exploitation, mais je ne pense pas m’agrandir. »

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